L’info Noir/blanc n° 5

SOMMAIRE DU N° 5

  • Les élus redoublent de férocité… Un élu se prend les pieds dans la
    tapisserie ... d’Aubusson.
  • Fresnes et dérape. L’adjoint au maire de Fresnes commente la récente fermeture du centre d’art.
  • À propos du rapport Rigaud. Le rapport sur la « refondation de la politique culturelle » semble ignorer la création plastique.
  • Épinglages
  • Maison des artistes
  • Huit mois. Le bilan du CAAP.
  • Notre guide

EDITO

Le printemps…

Les citoyens manifestent leurs inquiétudes, l’État et ses sbires persévèrent dans leurs politiques démagogiques et mercantiles.

C’est le printemps ... Avec les beaux jours (et de bonnes raisons), des gens sortent dans la rue, des samedis et des dimanches, sous un soleil rayonnant, manifestent leurs désapprobations et leurs contrariétés, leurs inquiétudes et leurs mécontentements. 100 000 personnes par-ci, 50 000 par-là, d’un jour l’autre ... Des signatures qui pleuvent, saturent les fax et les boites aux lettres, dont celles de plus de deux mille artistes et leurs proches ...

Mais que les choses soient claires, cette printanière énergie, ce sympathique élan n’ont véritablement rien empêché. Ni nos députés de voter une série de mesures honteuses contre l’immigration clandestine, ni nos politiques d’utiliser cette dernière comme un alibi grotesque en forme d’épouvantail, en faisant allègrement l’amalgame entre l’immigration et l’intégration, entre les résidents étrangers en situation régulière et l’immigration clandestine, entre l’immigration et la banlieue.

Cela n’a pas empêché non plus notre Premier ministre de brandir un sondage effectué auprès de 900 personnes comme s’il s’agissait d’un véritable référendum, ni certains responsables du gouvernement d’avoir J’indécence d’inviter les « intellectuels » à aller vivre et travailler en banlieue. Pas plus que cela n’a empêché les charters de continuer à con-voler vers l’Afrique, ni notre président de renvoyer vers Bruxelles les plaintes à peine formulées des instances
européennes ...

Cela n’a rien empêché mais a eu toutefois le mérite de remettre une partie des choses à leurs places respectives. Les élus, les médias, les plus ou moins responsables politiques mais également une partie de la population pour laquelle le mot citoyen signifie encore quelque chose.

Que ces derniers se rassurent, ils ne vont pas s’ennuyer dans les semaines a venir, ça ne va pas s’arrêter là. Notre Garde des sceaux, tout en refusant de suivre le Conseil de la magistrature dans ses recommandations à propos de la nomination des juges, continue à oeuvrer pour « une indépendance de la justice »1 en nous préparant notamment le grand retour de la peine de mort sur les cadavres des faits divers, et, pour ne citer que lui, notre ministre de la Culture, dernier rempart contre la barbarie (et probablement toujours sous l’influence du printemps nouveau), se penche sur le devenir de nos potagers* ...

Soyons sérieux, sans doute s’agit·il d’une métaphore, quelque chose comme une méthode d’infiltration souterraine, d’un plan secret destiné à infiltrer des taupes dans quelques sphères conspiratrices et réactionnaires, responsables des pressions politiques et des actes de censure que subissent continuellement, presque quotidiennement aujourd’hui, les milieux culturels en France.

Et pendant ce temps, toujours très beau, des galeristes, responsables et adhérents du Comité des galeries d’art, à qui le ministère de la Culture ouvre régulièrement et largement ses portes, crient haut et fort qu’un bon artiste est un artiste qui se vend, tout en rouspétant par ailleurs et de partout contre un règlement récent qui les oblige à déclarer la totalité des sommes qu’ils ont versées
à leurs artistes ...

Chefs d’entreprise, prenez-en de la graine ...
Vive le printemps !

J.F.

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