L’info Noir/blanc n° 13

SOMMAIRE DU N° 13

  • Droit de suite … Participation et analyse critique de l’élaboration d’une directive européenne relative au droit de suite. Prises de positions ...
  • Droit de réponse accordé à M. Bernheim, Président de la Maison des Artistes, suivi d’un droit de réponse au droit de réponse que nous nous sommes accordés à nous-mêmes.
  • Droit d’exister. Quelques informations concernant le 2ème congrès interprofessionnel de l’art contemporain à Tours.
  • Droit d’expression. Extraits de l’allocution de Mme Trautmann, prononcée en ouverture des assises culturelles “Vigies”, à Amiens le 9 octobre dernier.
  • Droit de douter. Petites interrogations légitimes sur le devenir du rapport de la commission sur renseignement artistique présidée par Jacques Imbert.
  • Droit quotidien. Publication (et nécessaires commentaires). de la réponse qui nous a été faite par I’UNEDIC à propos des ASS.

EDITO

Que les choses soient claires…

Depuis quelques mois, une lettre adoptée par les structures culturelles du Languedoc-Roussillon et de Rhône-Alpes est systématiquement jointe à toute demande de subvention. Cette lettre, qui s’adresse donc aux élus et autres responsables politiques, dit en substance que s’li est légitime que l’argent public finance des structures accomplissant des missions de service public, cela ne signifie en aucune manière de la part de ces structures une acceptation tacite de l’actuelle situation et ne saurait être interprétée et encore moins exploitée comme une preuve de ralliement ou d’adhésion à une politique qui place, de fait, l’Assemblée régionale dans la dépendance du Front National. [1]

Certains pourront toujours penser que cela ne mange pas de pain et que cette seule parade est tout aussi facile qu1nconséquente pour se dédouaner de la tutelle politique.

Il faut croire pourtant qu’elle n’est pas aussi inconséquente que ça, puisque le directeur d’un Fond Régional d’Art Contemporain (FRAC) de ces régions, structure culturelle particulièrement concernée s’il en est, n’a pas jugé bon, pour autant que nous le sachions, de se joindre à cette démarche ...

Cette petite claque assénée, nous tenons à préciser que de la même manière, si le Caap est invité au Congrès de Tours, cela n’implique de notre part aucune adhésion à un quelconque système, ni notre intégration dans un réseau particulier ou notre affiliation à l’institution.

Vous trouvez peut-être la comparaison un peu forte en gueule mais, sans naturellement comparer l’incomparable, sachez que notre participation à cette manifestation, durant laquelle nous avons en charge l’organisation d’une commission mixte et d’un forum [2], ne se fait pas facilement

Les résistances demeurent, s’amplifient même parfois au fil du temps, à coup de discours ridicules et déplacés, d’arguments et autres invocations particulièrement douteuses dans le cadre d’une manifestation dite professionnelle.

Nous aurions par ailleurs été bien naïfs d’envisager les choses autrement puisque l’une des premières réflexions qui nous a été faite au printemps dernier lors des premières prises de contacts fut : « Lorsque les médecins se réunissent en congrès, ils n1nvitent pas les malades ... »

Le ton était donc donné, en tout cas par certains.

Mais ce qui nous parait plus grave encore, c’est que nous avons de bonnes raisons de craindre que ce second congrès, à l’instar du premier, ne soit pas finalement l’outil nécessaire et précieux qu’il devrait être, mais se transforme en une simple biennale, une auto congratulation simplette, une manifestation uniquement destinée à créer un événement focalisant durant deux jours l’attention du ministère de la culture sur les petites misères et les grandes inquiétudes du milieu de l’art plastique.

Nous n’avons naturellement pas l’intention de nier le moins du monde les difficultés nombreuses, réelles et complexes, auxquelles doivent faire face l’ensemble des partenaires du milieu de l’art. Mais nous avons par contre à notre disposition une multitude de détails, parfois croustillants, qui laissent clairement apparaître, au mieux une flagrante mauvaise volonté et au pire une attitude aussi irresponsable que déraisonnable. Et pour s’en convaincre, pour se donner une idée de l’ambiance qui règne sur le navire, il suffit simplement de se rappeler par exemple, et pour commencer par le haut, que la DAP (Délégation aux Arts Plastiques) a navigué durant plusieurs mois sans capitaine ...

Si l’on ajoute à ça une propension énorme des marins embarqués sur ce navire, à confondre mutuellement leurs rôles et leurs devoirs, on est naturellement en droit de craindre le naufrage. Car, au vu et au su de certaines attitudes et déclarations, il est clair qu’il règne dans l’esprit de tous ces hommes d’équipage une confusion concernant les missions qui leur sont attribuées. Ainsi, tel institutionnel, désireux sans doute d’être producteur tout en ignorant manifestement ce que cela signifie en terme économique et législatif, n’hésite pas à prétendre en privé qu’il est prêt à vendre une partie de sa collection (publique !) pour financer ses projets. Cela pose naturellement la question de son statut en tant qu’institutionnel, de celui de la structure qu’il dirige, et d’une certaine façon à s’interroger sur la définition de ses missions ainsi que, accessoirement, sur la qualité de ses connaissances juridiques.

De la même façon, ou plutôt à l’inverse, les propos tenus par certains privés (suivez mon regard dans la lorgnette), se plaisent à tenir des propos dignes d’institutionnels chevronnés, en demandant (en comité restreint naturellement) ce que fait le ministère et surtout, où sont les crédits d’achat sans lesquels ils ne sauraient survivre. Ceux-là nous inquiètent moins par la qualité de l’énergie dont ils sont capables de faire preuve sur le pont, que par le risque qu’ils font peser, marins d’eau douce, en s’appropriant des droits en toute impunité, au risque de tirer tout le monde par le fond.

S’il est tout à fait légitime de se tourner vers son ministère de tutelle afin de se faire entendre lorsque la tempête gronde, il est par contre pour le moins incongru, voire inquiétant, de constater que les limites, le périmètre des missions attribuées à nos différents partenaires semble se confondre, se noyer dans un épais brouillard d’inconsistances et d’ambitions mal placées.

Soyez rassurés, le navire, bien que mal entretenu, ne coulera pas, mais s’il venait à la vigie l’idée de quitter son perchoir, il est bien possible que nous fassions le prochain voyage à la rame … en fond de cale. [3]

J. F.