Misère des arts plastiques

Le budget 2013 du ministère de la Culture

Présentation du budget 2013 du ministère de la culture : les arts plastiques et les artistes encore et toujours pénalisés

Le dossier de presse remis par le ministère de la Culture (voir pdf joint) ne reflète pas exactement la physionomie du budget 2013. Les documents sur lesquels vont travailler les parlementaires révèlent les vrais choix de la ministre, Aurélie Filippetti.
À commencer par la priorité accordée au Spectacle vivant dont le budget ne baisse que de 0,9 % lorsque celui du Patrimoine et des Arts plastiques plonge de près de 10 %.

Vous trouverez avec ce lien le décryptage du "Journal des Arts" : www.lejournaldesarts.fr



Analyses et commentaires du CAAP

L’article du "Journal des Arts" souligne le caractère démagogique de la présentation du Ministère. Que dire de son caractère ... pédagogique ?

Dans le document en ligne du ministère, les crédits en millions d’euros (M€) sont déclinés en AE et CP.
Chaque citoyen est sans doute supposé connaître le sens de “AE” et “CP” puisque ce document estime inutile de mentionner le sens de ces acronymes.
Pour information :
“AE” signifie Autorisations d’Engagement et constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être engagées.
“CP” signifie Crédits de Paiement et constituent la limite supérieure des dépenses pouvant être ordonnancées ou payées pendant l’année pour la couverture des engagements contractés dans le cadre des autorisations d’engagement.
Si l’on ne sait pas cela, l’ensemble du document est d’emblée incompréhensible et ininterprétable ...

L’art et la manière de faire prendre des vessies pour des lanternes

“Le ministère de la culture et de la communication a décidé, en 2013, de sanctuariser les crédits d’intervention en faveur du spectacle vivant et des arts plastiques. Cette enveloppe qui atteindra 385.5 M€ est en légère augmentation de 5.5 M€ afin de préserver les marges artistiques.” (p 6)
Cette globalisation permet de masquer grossièrement la différence de traitement criante entre spectacle vivant et arts plastiques.
“Le budget en faveur de la Création atteint 774,9 M€ en crédits de paiement. Ces crédits sont répartis entre 678,98 M€ d’AE et 712,52 M€ de CP pour le spectacle vivant et 72,46 M€ d’AE et 62,38 M€ de CP pour les arts plastiques.”(p 14). Avec un budget 10 fois plus faible que celui des arts vivants, les arts plastiques restent le parent pauvre du ministère de la culture, “le changement dans la continuité” en somme !

Au sein du budget des arts plastiques, “L’Etat poursuivra sa politique de soutien aux artistes et aux professionnels de l’art contemporain (allocation d’installation d’ateliers, acquisition de matériel, soutien aux expositions d’art contemporain et aux organisations professionnelles). Les crédits de commande publique s’établissent à hauteur de 1,81 M€” (p 16). Ainsi ce qui est annoncé comme un“effort continu pour la politique de soutien, de diffusion et de formation des artistes.”(p 16) s’élève à moins de 2,5% du budget arts plastiques soit 0,25% du budget consacré aux arts vivants ... Il faut expliquer alors rapidement à quoi servent les 97,5 % du budget restant pour les arts plastiques !

  • Le soutien aux organisations professionnelles des artistes auteurs représente moins de 0,05% du budget des arts plastiques. À ce stade on peut constater que le ministère de la Culture est un grand partisan de l’homéopathie dès lors qu’il s’agit des artistes eux mêmes ... Quant à la “formation des artistes”, sachant que le fonds de formation continue des artistes auteurs sera entièrement autofinancé par les artistes auteurs et marginalement par leurs diffuseurs ; autrement dit, sachant que le ministère de la culture ne mettra pas un centime dans ce fonds, on se demande ce que vise ce libellé ...

TVA réduite : les artistes auteurs oubliés

“En 2013, plusieurs dispositifs fiscaux sont confirmés et des mesures nouvelles viendront conforter ou accompagner les entreprises et les structures culturelles. Outre le rétablissement du taux réduit de TVA à 5.5% pour le livre obtenu dès juillet 2012 en loi de finances rectificative qui représente une dépense fiscale de près de 60 Ms en faveur de l’industrie du livre, le taux réduit sera également rétabli au PLF pour la billetterie du spectacle vivant.”(p6)
Plus de la moitié des artistes plasticiens ont des revenus inférieurs au seuil de pauvreté. Parallèlement les artistes font vivre de nombreuses structures et autres corps de métier, en amont et en aval ... Le ministère de la culture ignore-t-il que ceux qui s’occupent de la création en vivent mieux que ceux qui la font ? Réduire le taux de TVA à 5,5% pour certains diffuseurs : l’industrie du livre et la billetterie du spectacle vivant mais laisser un taux majoré à 7% pour les créateurs, c’est aussi oublier que sans artistes auteurs il n’y aurait aucune œuvre à diffuser ...
Les arts plastiques ne relèvent pas des “industries culturelles”. Le montant qu’un collectionneur est prêt à investir dans une oeuvre d’art ne varie pas en fonction du taux de TVA appliqué à l’artiste. Quand la TVA monte, les revenus de l’artiste baisse mécaniquement. L’aggravation du taux de TVA est entièrement supporté par l’artiste, nullement par l’acheteur.

L’accès gratuit aux musées

“La gratuité de l’accès aux collections permanentes des musées et monuments nationaux sur tout le territoire pour les moins de 26 ans (Louvre, Orsay, Centre des monuments
nationaux etc.) est pérennisée en 2013, ce qui se traduit par une hausse en PLF de + 18 Ms par rapport à 2012.”(p 8)
Que les étudiants, les chômeurs, les enseignants,les fonctionnaires aient accès gratuitement aux musées est une très bonne chose.
Reste qu’il est scandaleux que le ministère de la Culture refuse depuis des années la mise en place d’un pass-musée gratuit aux professionnels de l’art (les artistes auteurs et leurs diffuseurs), professionnels sans qui les musées seraient tout bonnement vides ....

Dialogue social en rade

À ce jour les organisations professionnelles des artistes n’ont été reçues ni par la ministre de la Culture, ni par son cabinet, ni même par le directeur adjoint chargé des Arts plastiques à la Direction Générale de la Création Artistique (DGCA) !

Le changement c’est pour quand déjà ?

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